Il est toujours agréable de parler du mantra de Chenrezig, car pour beaucoup d'entre nous il est le plus beau de tous les mantras. Il est le roi des mantras, il représente la compassion, la bienveillance. On dit ausi qu'il contient tous les autres mantras.
Le Dalaï-Lama dit qu'il ne faut pas le répéter sans connaître sa signification.
OM MANI PADME HUNG
(sanskrit)
ou
OM MANI PEME HÛM
(tibétain)
"Que le joyau soit dans le lotus" Mani est le joyau, ce joyau représente l'enseignement, Padma est le lotus il est le coeur de tous les êtres.
"Que l'enseignement du Bouddha soit dans le coeur de tous les êtres"
Chenrezig tient entre ses deux mains ce joyau précieux mais il ne le serre pas, il ne l'emprisonne pas, il le tient d'une certaine façon pour le faire voir et en faire profiter tous les êtres, il représente l'enseignement du Bouddha qui exauce tous les souhaits.
Le rosaire de sa main droite est continuellement égrené, il ne s'arrête jamais, le rosaire représente le mantra donc sa parole. Ce mantra est continuellement dit par Chenrezig comme bienfait pour tous les êtres. Quand nous récitons ce mantra nous ne sommes pas seuls, nous pensons que tous les êtres le récitent avec nous.
Le lotus dans sa main gauche est aussi un symbole de pureté, le lotus symbolise la vraie nature de l'homme que rien ne peut souiller.
"Que l'enseignement du Bouddha soit dans le coeur de tous les êtres"
Pourquoi l’enseignement du Bouddha doit-il être dans le cœur de tous les êtres ?Pour les rendre heureux, pour faire disparaitre l'ignorance, puisque l’enseignement du Bouddha est là, en ce monde, pour nous transformer intérieurement et faire de nous des êtres plus compatissants, plus justes, plus purs. Avec cette motivation d’aider tous les êtres, ce mantra est donc considéré comme le mantra le plus important du Bouddhisme tibétain. C’est un mantra qui n’est pas axé sur une motivation égoïste mais sur autrui.
Au Tibet, Chenrezig ou Avalokiteshvara en sanskrit, est le plus souvent représenté assis en padmasana sur un lotus et sur une lune, son dos repose sur une lune immaculée. Ses deux premières mains sont jointes et tiennent le joyau qui exauce tous les souhaits. Les deux autres, main droite et main gauche tiennent respectivement un mala de 108 graines et une fleur de lotus.
Les six syllabes représentent les 6 destinées possibles ; le monde des dieux (devas), des demi-dieux (asuras), des hommes, des animaux, des esprits avides(pretas), des enfers chauds et froids et les six sons représentent les 6 paramitas ou six sagesses ; le don, l’éthique, la patience, diligence, concentration, connaissance.
Dans l’Himalaya on rencontre souvent les six syllabes sur des pierres sculptées, des drapeaux de prières et les fameux murs de mani. On les trouve gravées sur des pierres qui sont déposées dans les rivières afin que les poissons les voient et même qu’ils les touchent avec leur corps, aussi accrochées sur des fils entre les arbres entre les maisons afin que tous les êtres sensibles puissent en bénéficier par la vue. Quand ces drapeaux sont usés les 6 syllabes se sont envolées pour le bien des êtres. Ils peuvent aussi se retrouver par centaines dans des stupas. Les vieux tibétains les psalmodient à longueur de journée. Pour tous les six syllabes représentent la compassion. Elles sont la partie verbale de la déité Avalokiteshvara.
Explication du mantra Om Mani Padmé Hûm par sa Sainteté le Dalaï-Lama
« C’est fort bien de réciter le mantra OM MANI PÉMÉ HOUNG mais tandis qu’on le récite, encore faut-il penser à sa signification, car la portée de ces paroles est vaste et profonde. La première, OM, est composée de trois lettres - A, U et M. Elles symbolisent le corps, la parole et l’esprit du pratiquant ; mais dans le même temps, elles symbolisent le corps, la parole et l’esprit purs et glorieux d’un Bouddha.
Le corps, la parole et l’esprit impurs peuvent-ils être transformés en un corps, une parole et un esprit purs, ou sont-ils entièrement séparés ? Tous les Bouddhas sont au départ des êtres comme nous qui, en suivant la voie, sont devenus des Éveillés. Le bouddhisme ne prétend pas qu’il y ait quelqu’un qui, dès l’origine, soit sans défaut et possède toutes les bonnes qualités. Le développement d’un corps, d’une parole et d’un esprit purs vient graduellement de l’abandon des états impurs, qui sont ainsi transmués en états purs.
Comment cela se fait-il ? La voie est indiquée par les quatre syllabes suivantes. MANI, signifiant joyau, symbolise les moyens de la méthode - l’intention altruiste d’être illuminé, la compassion et l’amour. Tout comme le joyau est capable d’éloigner la pauvreté, de même l’esprit altruiste d’éveil est capable d’écarter l’indigence, ou les difficultés, de l’existence cyclique et de la paix solitaire. Pareillement, tout comme le Joyau exauce les désirs des êtres sensibles, l’intention altruiste de devenir illuminé accomplit les souhaits des êtres sensibles.
Les deux syllabes, PÉMÉ ou PADMÉ, signifiant lotus, symbolisent la sagesse. Tout comme un lotus sort du limon sans être souillé par la boue, de même la sagesse peut vous placer dans une situation de non contradiction, alors qu’il y aurait contradiction sans posséder la sagesse. Il y a la sagesse qui réalise l’impermanence ; la sagesse qui réalise que les personnes sont vides d’existence substantielle ou d’existence se suffisant à elle-même ; celle qui réalise le vide de la dualité, c’est-à-dire de la différence d’entité entre sujet et objet ; et la sagesse qui réalise la vacuité de l’existence inhérente. Bien qu’il y ait différentes sortes de sagesse, la principale d’entre elles est celle qui réalise la vacuité.
La pureté doit être acquise par l’unité indivisible de la méthode et de la sagesse, symbolisée par la syllabe finale HOUNG, OU HÛM, qui traduit l’indivisibilité. Selon le système des sûtras cette indivisibilité de la méthode et de la sagesse se réfère à la sagesse affectée par la méthode, et à la méthode affectée par la sagesse.
Dans le véhicule Mantrique, ou Tantrique, la référence porte sur la propre conscience dans laquelle la forme globale, à la fois de la sagesse et de la méthode, constitue une identité sans différenciation. En termes de syllabes-germes des cinq Bouddhas conquérants, HOUNG est la syllabe germe d’Akshobya - l’Immuable, le non-fluctuant, qui ne peut être en rien perturbée.
Ainsi, les six syllabes OM MANI PÉMÉ HOUNG signifient qu’en fonction de la pratique d’une voie, qui est l’union indivisible d’une méthode et d’une sagesse, vous pouvez transformer votre corps, votre parole et votre esprit impurs en corps, parole et esprit purs et glorieux d’un Bouddha. II est dit qu’il ne faut pas chercher la bouddhéité hors de soi ; les matériaux pour y parvenir se trouvent à l’intérieur. Maitreya l’a dit dans son « Sublime continuum du Grand Véhicule » (Uttaratantra), tous les êtres ont naturellement la nature de Bouddha dans leur propre continuum. Nous avons en nous-mêmes le germe de la pureté, l’essence de Celui Qui S’en Est Ainsi Allé (Tathâgatagarbha), qui doit être transformé et pleinement développé en bouddhéité. »
Source : Le seigneur du Lotus blanc, Le Dalaï-Lama, par Claude B. LEVENSON, Paris,
"Que l'enseignement du Bouddha soit dans le coeur de tous les êtres"