6/29/2007

LE CHATEAU DE LONGUEIL SAINTE-MARIE


Dans les années 80 pendant un laps de temps jugé trop court par moi et certains de mes amis bouddhistes, Kagyu Dzong avait pour siège le Château de Longueil Saint-Marie. A cette époque j’allais pratiquement chaque week-end à Kagyu Dzong. Chaque fin de semaine, quand je quittais le travail j’avais hâte de me retrouver à Kagyu Dzong malgré le trajet d’une heure en train et presque autant de marche à pied.
Cela nous changeait de la ville et nous apprécions d’avoir un centre à la campagne et surtout d’avoir un lieu propice à la méditation, au calme.
Nous l’appelions le Château mais en fait c’était plutôt une importante maison bourgeoise.
Le rez-de-chaussée était occupé par la cuisine, le temple et la pièce de réception. Le premier étage, la boutique, la chambre de Lama Gyurmed, la chambre de Lama Namsé, la salle de bain. Le dernier étage les chambres pour les disciples. Nous avions aussi un petit bâtiment à l’entrée du château, genre petite maison de gardiens. Cette dernière servait aussi à coucher les disciples quand il y avait un grand Maître de passage.
A cette époque je m’occupais de la boutique, je dormais aussi parfois dans cette pièce non pas de peur que l’on me vole quelque chose mais j’aimais l’endroit et il m’était agréable de me réveiller au milieu des livres, des cloches et dorje, des poster de Bouddha, enfin pour moi c’était une extension du temple. Quand tout le monde était couché il m’arrivait de descendre dans le temple et d’aller m’asseoir sur un coussin afin de méditer dans le noir avec juste une petite bougie vacillante qui éclairait faiblement le Bouddha. Ce moment était divin.

Les boutiques dans les centres bouddhistes sont toujours des lieux d‘échanges. Avant chaque enseignement ou initiation les gens viennent y chercher des livres, des objets rituels, demander des infos ou chercher un texte de la Saddhana dont ils viennent d’avoir le lung.
Je me retrouvais souvent avec Joëlle, une amie que j’appréciais car tous les deux nous avions besoin de notre ration quotidienne de fou rire. Nous nous racontions je ne sais quoi mais nous avions des fou rire à n’en plus finir.
Un jour où nous avions du rire plus que de coutume, nous décidâmes de prolonger ces moments agréables en dormant dans la même pièce. Mais il y avait un problème, il n’y avait qu’un seul matelas et il nous fallait en chercher un autre dans une pièce du rez-de-chaussée. Nous avions peur d'être surpris en pleine nuit en train de monter un matelas dans la boutique et surtout que cela fasse jaser et faire naître de mauvaises pensées. Nous nous décidâmes quand même et descendîmes le grand escalier central sur la pointe des pieds . Arrivés à mi-chemin nous entendîmes un bruit au-dessus de nous, nous levâmes la tête et vîmes quelqu'un se cacher en se mettant en retrait de la rampe. Nous n’avions pas eu le temps de voir le visage mais nous savions que nous étions découverts.
Quelques jours plus tard, une fête se préparait à Kagyu Dzong. Nous étions tous dans l’excitation. Dans ces grands moments ou un Maître nous rendait visite c’était toujours l’occasion de faire le ménage à fond, de faire briller les bols à offrande ou de préparer des tormas pour une initiation. C’était aussi et surtout pour les femmes le moment de mettre leurs plus beaux atours.
Joëlle avait décidé de mettre son plus bel habit, une chuba tibétaine. Ce n’est pas évident de bien mettre en place une chuba quand on est une occidentale et surtout que l‘on a pas l‘habitude. Lama Gyurmed étant là, Joëlle lui demanda s’il pouvait l’aider à mettre les plis en place dans le dos et de les maintenir afin de mettre la ceinture. Et là Lama Gyurmed avec un petit sourire lui dit :
« Demandez donc à Michel, il pourra certainement faire ça pour vous »


Nous ne nous posions plus de questions, nous savions qui était en haut de l’escalier.


Robe tibétaine

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